Cuisine

Chocolat Noir VS Chocolat au Lait : Le Duel des Saveurs

Avez-vous déjà tenté de percer les mystères d’un bol rempli d’œufs en chocolat ? Blancs, noirs, fourrés à la praliné ou simplement en chocolat au lait ? Et vous, dans quel camp vous rangez-vous ? Celui du chocolat noir ou celui du chocolat au lait ?

Pour les puristes du chocolat, c’est la teneur en cacao qui compte. “64% de cacao !”, s’exclame l’un. “Non, 75% !”, rétorque un autre, tandis qu’un audacieux lance : “86% !” Mais au-delà de 90%, le challenge devient ardu, le goût plus amer, plus difficile à apprécier. Ces aficionados parlent de variétés de cacao comme le trinitario, le criollo, ou encore le porcelana, et vantent les arômes de fruits rouges, les notes vineuses ou l’acidité subtile. Leurs tablettes fétiches ? Toujours enveloppées de papier noir, gris foncé ou kaki, sans aucune fantaisie enfantine. Pure esthétique. Voilà le credo des amoureux du chocolat noir, les inconditionnels.

À l’opposé, les amateurs de chocolat au lait affichent un sourire complice : “Du chocolat au lait, volontiers. Le goût amer, très peu pour moi”, disent-ils, mi-excuses, mi-affirmation.

Ou alors, ils s’exclament haut et fort : “Beurk, pas de noir ! Ceux qui aiment ça sont fous.” Ce à quoi les puristes du chocolat noir répondent, sur la défensive : “Mais comment pouvez-vous savoir ce qu’est réellement le chocolat si vous ne goûtez que du lait, du sucre et un soupçon de cacao ?”

Le débat sur le chocolat est ancien, comme l’a souligné The Atlantic en 2016, où Megan Garber affirmait sans détour : “Le chocolat au lait est meilleur que le noir. Point final. Car le noir est amer, et l’amertume, c’est désagréable.” Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Ou peut-être que si ?

La prétention du chocolat noir Garber avoue dès le début de son article sa préférence pour le chocolat au lait, appréciant sa douceur, sa texture crémeuse et sucrée, contrairement au chocolat noir, jugé amer et dur. Elle reconnaît que cela relève simplement de ses goûts personnels, mais ressent également une pression culturelle, plaçant les amateurs de chocolat au lait dans la catégorie des consommateurs impulsifs et immatures, face aux dégustateurs raffinés et réfléchis de chocolat noir. Ironique, n’est-ce pas ?

Son article a suscité de vifs débats, ravivant les passions autour de cette gourmandise. Sur Bloomberg, Megan McArdle critique tout autant les attitudes prétentieuses des deux camps, pointant du doigt un “snobisme inversé” chez certains amateurs de chocolat au lait, se sentant supérieurs dans leur simplicité.

Si mon cœur choisit le chocolat au lait, ma raison penche pour le noir. Aux États-Unis, où le chocolat au lait règne grâce à des marques comme Snickers et Mars, opter pour le cacao pur serait une manière de se distinguer.

En Australie, demandez à un amateur ce qu’il préfère, et il vous répondra probablement “noir” ou “pur”. Pourtant, laissez une boîte de pralines au bureau, et ce sont souvent les chocolats noirs qui restent.

Personnellement, je suis tiraillée. D’une part, j’apprécie la sophistication du chocolat noir, symbole d’un goût mature, mais d’autre part, le chocolat au lait reste mon péché mignon, réconfortant et doux. C’est une division que l’on retrouve souvent face à l’amertume : chicorée, café noir, bières amères… Les amateurs d’amertume sont vus comme plus adultes, plus matures.

Les experts le confirment : l’amertume s’acquiert. Ce n’est pas un goût inné chez les enfants. “Il y a quelque chose d’étrange avec l’amertume”, disait le professeur de goût néerlandais Peter Klosse. “On a tendance à adoucir les légumes amers comme l’endive, mais la jeune génération se rue sur les bières IPA amères. L’amertume est une saveur à laquelle nous devons nous habituer.” C’est comme notre première bière, pas vraiment agréable au début, mais qui finit par plaire.

Alors, le chocolat noir, c’est pour ceux qui acceptent que la vie n’est pas toujours douce, tandis que le chocolat au lait offre une échappatoire sucrée. Vu sous cet angle, n’est-il pas logique que les deux camps soient si opposés ? Est-ce que la question du goût ne cache pas une forme de supériorité morale ?

Une chose est sûre : on ne parle même pas du chocolat blanc.

Salima Beaumont

Salima Beaumont

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